Dans les cartons…. 1

Les expositions de l’été finies, je poursuis mon chemin à rebours du temps.

Les cartons de Raymond, emplis de carnets, de chemises cartonnées gonflées par les feuillets, attendent.

J’ouvre….

Je les ouvre toujours avec une idée de ce que je recherche – l’esquisse d’un tableau que j’aime ou le croquis d’une sculpture, et puis…. à chaque fois, je plonge.
Happée.

D’abord accroupie et penchée au-dessus du carton, je finis invariablement par m’assoir, les mains remplies. Je dépose une à une mes trouvailles, et, du bout des doigts, je cherche, je lis la vie de Raymond, enfouie dans ce désordre coloré, un peu chiffonné parfois, un peu effacé.

Etrange sensation : j’entre dans sa vie par ses brouillons, ses recherches, ses hésitations, ses colères. Intimité enfouie, et qui me fait aller lentement, avec douceur.

Je ne veux pas brusquer.

Un feuillet, un autre, un croquis, un mot griffonné, un article découpé, une lettre, un carnet, un autre. Le temps file, les années défilent, et la vie de Raymond se raconte, entre mots et traits, couleurs et mine de plomb.

Aujourd’hui, c’est un cahier : je vous laisse découvrir l’un des 12 sonnets sans poivre ni sel, écrits en 1966 et repris l’année suivante dans un second cahier, illustré cette fois-ci.

  

« Le farceur », sonnet n°5, Sonnets sans poivre ni sel, 1966 / 1967